138 : barbares

Ce concert du cycle "babel" [1] réunissait trois œuvres difficiles à lier sinon peut-être par leur "barbarisme".

"Intégrales" de Edgar Varèse, pour instruments à vent et percussions.
Varèse [2], né à Paris en 1883 est de la même génération que Schoenberg, Berg, Webern, Stravinski, Bartók et d'autres.
Alors que les 3 "viennois" inventaient et développaient le dodécaphonisme et le sérialisme, les compositions des deux derniers se distinguaient par la complexité rythmique et le recours aux traditions populaires.
Varèse de son côté, après avoir été influencé par Stravinski, prit une orientation très différente de ces célèbres contemporains lorsqu'il émigra aux Etats Unis en 1915.
Il fut un musicien d'avant-garde au vrai sens du terme, jetant aux oubliettes de l'histoire non seulement la tonalité et le tempérament, mais aussi l'atonalité des viennois qu'il considérait comme insuffisamment révolutionnaire ! Sa musique se caractérise par la disparition des notes telles que conçues jusqu'à présent, et fait la part belle au glissando, au continuum et aux micro-intervalles.
Il développe également le rythme par l'utilisation des percussions, allant jusqu'à créer une œuvre qui leur est entièrement consacrée : "Ionisation".
Enfin ses recherches sur le "timbre", la "couleur" orchestrale, les "masses sonores" et les "projections spatiales" en font le vrai père de la musique "contemporaine" et son influence fut considérable sur la plupart des musiciens de la seconde moitié du XXème siècle.
Avant-gardiste, il l'était également par l'utilisation d'instruments électroniques encore préhistoriques à l'époque (thérémine [3], ondes Martenot), mais dont il pressentait le développement considérable : il modifiera d'ailleurs certaines de ses partitions pour tenir compte de l'évolution de ces instruments !

"Barbarismes, trilogie de l'an mil" de Pierre Jodlowski.
Cet auteur n'est plus un inconnu [4].
Cette pièce pour ensemble d'instruments à vent, violon, violoncelle et percussion ne m'a pas du tout emballé au début. Mais curieusement, au fur et à mesure du déroulement de la partition, elle a fini par m'accrocher et la troisième partie était suffisamment intéressante pour regretter qu'elle se termine et regretter de ne pouvoir l'entendre à nouveau ! Vous étonnerais-je en vous disant que l'électronique qui l'accompagnait me semblait superflue ?

"Laborintus II" de Luciano Berio
Ecrite sur un texte de Sanguineti, comme l'était "Passagio" [5], cette œuvre est plus facilement accessible. L'écriture orchestrale a l'exubérance de sa géniale "Sinfonia" même si elle est moins complexe et moins longue, et la dynamique de l'ensemble de cette œuvre est intense jusqu'au bout.
Les interventions du chœur et des solistes sont très typiques de Berio, utilisant toute la palette des sons que peuvent émettre un gosier humain, ce qui en fait une œuvre très ... humaine donc très prenante.

en illustration, quelques extraits musicaux :


Varèse : Ionisation


Berio : Sinfonia (un court extrait)



A lire l'excellent éditorial du numéro d'octobre de Diapason sur la place de la musique contemporaine dans notre société.

Réf.:
[1] : http://www.cite-musique.fr/francais/cycle.aspx?id=319
[2] : http://brahms.ircam.fr/composers/composer/3262/
[3] : http://branchetonsonotone.com/2009/08/20/le-theremine-un-instrument-hors-du-commun/
[4] : http://crochnotes.blogspot.com/2007/10/53-ncessaire-perfection.html
[5] : http://crochnotes2.blogspot.com/2009/06/122-excentration-concentration.html

2 commentaires:

cat a dit…

Ton lectorat se lasserait il??

roch a dit…

J'en ai l'impression et je peux le comprendre !
Mais je ne vais pas me décourager : tant que ça m'amuse je continuerai !!!