La lecture des critiques de disques, les articles sur un compositeur, les compte-rendus de concerts, l'écoute de la radio (notamment tous les lundis soirs sur france-musique), incitent à l'achat de CD qui sont souvent de belles découvertes.
Parmi les nombreux disques achetés ces derniers mois, l'un est particulièrement remarquable, je vous reparlerai des autres un autre jour.
Ce disque réunit trois concertos pour violoncelle écrits au XXIème siècle.
Le premier est signé Bruno Mantovani [1] jeune et brillant compositeur déjà évoqué dans ces c'roch'notes [2]. Il a été créé en 2003 et ne comporte qu'un seul mouvement.
Un début tout de tension, dominé par les bois et les cordes avant l'entrée des notes graves du violoncelle. Musique en équilibre instable, en attente, évoluant par vagues successives augmentant peu à peu en intensité. Le violoncelle ne se distingue pas encore de la masse, l'oreille étant plus attirée par la coloration des bois. Le soliste se détache ensuite dans de belles phrases où il dialogue avec l'un ou l'autre instrument (flûte et clarinette notamment) avec au fond les cordes et la ponctuation des percussions. Plus intime ensuite, le fond orchestral devenant plus discret avec un habile mélange de timbres. La tension s'accroît ensuite à nouveau, l'orchestre reprend le dessus, jusqu'à un nouveau calme qui permet de goûter les belles sonorités du violoncelle qui égrène les dernières notes.
En réalité il s'agit plus d'une symphonie que d'un concerto, le violoncelle ne se démarquant jamais vraiment du reste de l'orchestre. Mais il n'y a pas de doute que ce compositeur maîtrise à la perfection l'écriture orchestrale : il ne lui manque qu'un petit grain de folie pour devenir génial.
Le second a été écrit en 2005 par Philippe Schoeller [3] né en 57, dont le peu que je connais me plaît beaucoup. Son concerto s'intitule "The eyes of the wind".
Les tonalités sont d'abord mystérieuses, sombres, et très vite, la texture étrange du violoncelle nous étonne. L'orchestre reste discret, laisse parler le soliste, l'oreille de l'auditeur ne peut qu'être à l'écoute et son attention soutenue. La masse orchestrale prend progressivement des couleurs plus spectrales et étend son emprise. Intensité et rythme s'intensifient pour se calmer à nouveau et retrouver l'atmosphère onirique du début qui se fond ensuite dans la brume pour s'éteindre en un souffle.
Un concerto moins facile que celui de Mantovani, mais plus original et intéressant à mon goût.
Le troisième qui date de 2000 est de Gilbert Amy [4] né en 36.
Les premières mesures, notes répétées du violoncelle, rappellent étrangement le long solo d'alto introductif des "Espaces Acoustiques" de Grisey. Autant dire que ça commence très bien ! Après ce monologue, le tempo devient plus vif et le violoncelle s'élance, virtuose, comme libéré, accompagné de quelques percussions virevoltantes. L'orchestre reste très discret avant d'intervenir par quelques accords. Son ampleur s'accentue mais sans jamais étouffer le violoncelle qui reste maître du jeu jusqu'à la fin. Cet accompagnement instrumental est un écrin idéal pour mettre en valeur le chant du soliste dont l'expression devient presque humaine. L'écriture orchestrale, même les rares fois où elle prend de l'importance, reste toujours claire et aérée.
Voilà un "grand" concerto, le plus ambitieux des trois sans doute. Parions qu'il passera à la postérité à l'instar de ceux de Dutilleux ou Ligeti.
Si vous n'achetez qu'un seul disque de musique contemporaine cette année, choisissez celui-là, c'est un futur classique !
Chez Harmonia Mundi, soliste Jean-Guihen Queyras.
Réf. :
[1] : http://brahms.ircam.fr/composers/composer/2167/
[2] : http://crochnotes.blogspot.com/2007/10/55-vexations.html
[3] : http://brahms.ircam.fr/composers/composer/2901/
[4] : http://www.gilbertamy.fr/france/bio.html
Parmi les nombreux disques achetés ces derniers mois, l'un est particulièrement remarquable, je vous reparlerai des autres un autre jour.
Ce disque réunit trois concertos pour violoncelle écrits au XXIème siècle.
Le premier est signé Bruno Mantovani [1] jeune et brillant compositeur déjà évoqué dans ces c'roch'notes [2]. Il a été créé en 2003 et ne comporte qu'un seul mouvement.
Un début tout de tension, dominé par les bois et les cordes avant l'entrée des notes graves du violoncelle. Musique en équilibre instable, en attente, évoluant par vagues successives augmentant peu à peu en intensité. Le violoncelle ne se distingue pas encore de la masse, l'oreille étant plus attirée par la coloration des bois. Le soliste se détache ensuite dans de belles phrases où il dialogue avec l'un ou l'autre instrument (flûte et clarinette notamment) avec au fond les cordes et la ponctuation des percussions. Plus intime ensuite, le fond orchestral devenant plus discret avec un habile mélange de timbres. La tension s'accroît ensuite à nouveau, l'orchestre reprend le dessus, jusqu'à un nouveau calme qui permet de goûter les belles sonorités du violoncelle qui égrène les dernières notes.
En réalité il s'agit plus d'une symphonie que d'un concerto, le violoncelle ne se démarquant jamais vraiment du reste de l'orchestre. Mais il n'y a pas de doute que ce compositeur maîtrise à la perfection l'écriture orchestrale : il ne lui manque qu'un petit grain de folie pour devenir génial.
Le second a été écrit en 2005 par Philippe Schoeller [3] né en 57, dont le peu que je connais me plaît beaucoup. Son concerto s'intitule "The eyes of the wind".
Les tonalités sont d'abord mystérieuses, sombres, et très vite, la texture étrange du violoncelle nous étonne. L'orchestre reste discret, laisse parler le soliste, l'oreille de l'auditeur ne peut qu'être à l'écoute et son attention soutenue. La masse orchestrale prend progressivement des couleurs plus spectrales et étend son emprise. Intensité et rythme s'intensifient pour se calmer à nouveau et retrouver l'atmosphère onirique du début qui se fond ensuite dans la brume pour s'éteindre en un souffle.
Un concerto moins facile que celui de Mantovani, mais plus original et intéressant à mon goût.
Le troisième qui date de 2000 est de Gilbert Amy [4] né en 36.
Les premières mesures, notes répétées du violoncelle, rappellent étrangement le long solo d'alto introductif des "Espaces Acoustiques" de Grisey. Autant dire que ça commence très bien ! Après ce monologue, le tempo devient plus vif et le violoncelle s'élance, virtuose, comme libéré, accompagné de quelques percussions virevoltantes. L'orchestre reste très discret avant d'intervenir par quelques accords. Son ampleur s'accentue mais sans jamais étouffer le violoncelle qui reste maître du jeu jusqu'à la fin. Cet accompagnement instrumental est un écrin idéal pour mettre en valeur le chant du soliste dont l'expression devient presque humaine. L'écriture orchestrale, même les rares fois où elle prend de l'importance, reste toujours claire et aérée.
Voilà un "grand" concerto, le plus ambitieux des trois sans doute. Parions qu'il passera à la postérité à l'instar de ceux de Dutilleux ou Ligeti.
Si vous n'achetez qu'un seul disque de musique contemporaine cette année, choisissez celui-là, c'est un futur classique !
Chez Harmonia Mundi, soliste Jean-Guihen Queyras.
Réf. :
[1] : http://brahms.ircam.fr/composers/composer/2167/
[2] : http://crochnotes.blogspot.com/2007/10/55-vexations.html
[3] : http://brahms.ircam.fr/composers/composer/2901/
[4] : http://www.gilbertamy.fr/france/bio.html
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