136 : les parisiens (11) : sombres sont les tombes


Comment un parisien en balade pourrait-il ne pas régulièrement retourner déambuler dans les allées et les sentiers du père Lachaise ?
Tombes de tout âge, flambantes ou ruinées, sépultures ouvertes à tout vent, caveaux éventrés, grilles rouillées.
On ne se lasse pas de regarder les sculptures en tout genre, de la plus pathétique à la plus grotesque, de lire les épitaphes poétiques ou triviales, de s'émouvoir ou se réjouir des offrandes déposées par les vivants aux pieds de leurs morts, ou par des admirateurs inconsolables aux pieds des célébrités.


On imagine des vies complexes et tragiques devant des tombes aux noms exotiques : juifs russes, vietnamiens, pakistanais, arméniens, espagnols et tant d'autres et on aime ce cosmopolitisme parisien. On imagine les intrigues proustiennes d'une certaine époque devant les barons et les princesses ci-gisants, et imaginer les misérables squelettes pourrissant sous certains mausolées mégalomanes, nous fait sourire avec indulgence !

Paradis des amateurs de ... nature morte et de débauches nocturnes, ces sombres lieux savent revivre pour peu que le soleil parvienne à percer l'épaisse couche de poussière et de toiles d'araignées qui en recouvre les vitraux.


Si vous passez par là un jour, ne manquez pas cette adresse :


Vous trouverez en face de ce panneau une petite chapelle, retrouvée il y a quelques années, dont le nom dira encore quelque chose à certains d'entre vous. La grille qui la fermait et dont nous gardons précieusement la clé n'existe plus depuis longtemps mais l'on voit encore quelques traces de peintures sur les murs ainsi que le nom de notre aïeule Isabel (Ysabel ?), la habanera. Est-il vraiment croyable que ses deux enfants émigrés avec elle dans notre capitale, tandis que les deux autres restaient à Cuba, aient ignoré sa date de naissance (1868) ?


Si vous passez par là, laissez lui quelques fleurs, ça lui fera sûrement plaisir. Mais prenez aussi de quoi faire le ménage, ça en a grand besoin !



11 commentaires:

Clo a dit…

Elle avait pris une concession à perpétuité ? Il reste de la place dans son caveau ?

Ju a dit…

magnifiques et troublantes photos... ma vision du Père Lachaise est très sombre, j'irai bien y refaire un tour pour découvrir ces vitraux inespérés!

roch a dit…

Clo => Ysabel est en fait hébergée chez des copains, les Zuaznavar, qui sont enterrés à côté d'elle et qui sont, je pense, proprio du caveau. Ont-ils des descendants ? mystère. Ils ne s'occupent pas plus de cette tombe que nous en tout cas ! Mais on songe à se renseigner ... chaque fois qu'on y va ... puis on oublie ! Apparemment il reste plein de place : ils ne sont que 3 signalés par des plaques.
Ju => il faut y aller un jour de soleil, ça change tout !

Unknown a dit…

Je sais enfin pourquoi mon grand père ne voulait pas que je mette deux ll à mon nom; ce que j'ai fini par faire!
Merci pour ce cadeau!
Isabel

roch a dit…

ISABEL !!!
Combien de siècles ont passés depuis qu'on ne s'est vus ? Quelle bonne surprise de te voir venir par ici, gracias y muchos besos !

Maman a dit…

qui eut dit quepar vos arrière-grand'mères, (par expérience je peux dire que ce n'est pas si vieux), vous reprendriez contact Isabel et toi. Je croyais qu'Isabel écrivait ainsi son prénom par snobisme. Je deviens aussi malveillante que ma belle-fille !! Je suis comme toi, dans un cimetière je me fais toujours de petits romans

Anonyme a dit…

"tranche de vie" ! ? Non tranche des morts en petites lamelles de concessions.
requiem

Le Faucheux

G Pâ a dit…

En dépit de quelques recherches (pas très poussées, il est vrai), je n'ai pas trouvé trace de cette famille Zuaznavar.
Je n'en avais jamais entendu parler, dans mon enfance...
Je pense qu'ils sont repartis vers Cuba, ou bien peut-être Miami !

Anonyme a dit…

c'est surtout en agrandisant la premiere photo qu'on voit que la vie tiens a un tout fin fil....

phil

roch a dit…

Bravo Phil ! Tu ne te contentes pas de survoler les photos : ton coup d'oeil est celui du photographe !

Hélène S. a dit…

Merci pour la balade parisienne... à refaire au soleil en effet !